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     Italiens à Lyon,

                                                                                                 Un renouvellement culturel et un boost de l’économie

          La grande migration italienne vers la France recouvre environ un siècle, soit un peu plus de trois générations. Et chaque vague qui la compose a ses propres caractéristiques. La première vague s’étend sur la fin XIXème siècle, et concerne majoritairement le sud de la France avant de s’élargir sur les autres régions. L’installation est lente, sans regroupement familial, avec un mouvement de « va-et-vient » permanent. On parle alors de migration saisonnière ou temporaire. 

          A partir du début du XIXe siècle, l’agglomération lyonnaise voit arriver un nombre conséquent de migrants italiens venus tout d’abord des régions piémontaises. Ces derniers, profitant du retour au calme suite aux guerres napoléoniennes (1803-1815), arrivent dans un premier temps pour effectuer des travaux saisonniers dans des entreprises lyonnaises ou bien pour des riches particuliers. Ainsi, l’intérêt premier de cette arrivée était pour Lyon et ses habitants, l’apport d’un certain savoir-faire autour du travail du plâtre. Jusqu’alors, le plâtre n’était pas un matériau présent à Lyon, mais la mode des plafonds à l’italienne se développant, une main d’œuvre compétente se trouvait être nécessaire. De fait, cette main d’œuvre est tout d’abord recherchée dans la Valsesia (Vallée Alpine du Piémont). Les paysans valsésians, ne pouvant bénéficier de suffisamment de revenus de par les travaux des champs entre autre se retrouvent alors à pratiquer des migrations saisonnières tout d’abord dans les régions frontalières puis à Lyon particulièrement. A noter que la venue des immigrés se faisait par diligence pour les plus riches mais à pied pour les plus pauvres :

          ■ Memorie di un emigrante, 1940, Lorenzo Dalberto, migrant valsesian racontant son premier départ pour la France en 1882.

          « [...]Mon père avait son sac de voyage et moi je tenais toutes mes richesses dans un foulard rouge et jaune, de ceux que les femmes portent sur la tête. Tout mon bagage consistait en une paire de pantalons, un gilet, un pardessus et quatre chemises de toile grossière, un béret, une paire de chaussure et trois mouchoirs. »

 

            Rapidement, la tâche des italiens va évoluer tout au long du XIXe Siècle. Passant du travail ornemental du plâtre pour des particuliers à des travaux en entreprises (ex : chez Rolando, entreprise de plâtriers-peintres). Ces derniers s’ouvrent aussi à des travaux différents que ceux autour du plâtre comme le pavage des routes de lyonnaises. Ainsi, cette ouverture à de nouveaux milieux va entrainer l’installation de certaines populations italiennes jusqu’alors saisonnières. Cette installation d’Italiens dans la société lyonnaise va attirer davantage de migrants de tous horizons cherchant pour une partie d’entre eux à gagner de l’argent au travers de travaux itinérants/ambulants (ex : étainneurs, saltimbanques comme des montreurs d’ours ou bien des musiciens). Il y a aussi beaucoup d’ouvriers italiens qui viendront travailler dans la soie, Lyon étant la capitale de la soie (tout comme Turin au Nord de l’Italie), des échanges vont alors s’opérer entre ces deux villes. En plus de cela, la mécanisation des usines de la soie va attirer un certain nombre d’ouvrières italiennes particulièrement entre la Guillotière et Villeurbanne.

          Il est important de remarquer qu'on ne compte que de 5 à 6 % d'hommes de peines dans les années 1820, ou travailleurs précaires pour replacer le terme dans un contexte plus actuel. Cette main d’œuvre qualifiée apporte son savoir-faire, qui se fait alors manquer chez les travailleurs régionaux. Cela leur permet donc de trouver rapidement un emploi une fois arrivé en terres lyonnaises, très souvent dans le secteur industriel.

          Pour résumer, que ce soit pour des raisons politiques, démographiques ou économiques, de nombreuses familles italiennes se sont implantées à Lyon, et ce de manière conséquente à partir de la révolution industrielle (1890-1920 environ, première vague d'immigration italienne). A cette époque, c'est surtout l'énorme manque de travail en Italie, notamment dans les régions isolées du Nord et de Sicile, qui pousse les hommes, femmes, et familles à émigrer massivement vers la France afin de se construire une existence meilleure. Les progrès industriels français, très vite visible à la fin du 19è, se traduisent par de multiples ouvertures d'usines, ce qui contribue aussi à créer un esprit ouvrier et social qui n'en est à cette époque-là qu'a son commencement. En majorité qualifiés dans le bâtiment (plâtriers, maçons..), les ouvriers italiens réussissent à s'implanter dans ce secteur, et à imposer leur spécialisation dans ces domaines. Entre 1890 et 1911, le nombre d'italiens à Lyon est passé de 9000 à environ 12000.

          → En 1896, on trouve 540 italiens dans le quartier de la Guillotière. La moitié de la population masculine ouvrière transalpine exerce dans le bâtiment.

          → 2500 ouvriers et patrons du bâtiment dénombré par le consul général d'Italie à Lyon en 1901. Voyage en Ritalie, Pierre Milza, 2004, Payot, p189.

          La deuxième vague couvre surtout les années 1920, et elle est très différente. Son champ d’action est étendu et une plus grande diversité est offerte. Les travailleurs viennent de toutes les provinces et se dirigent principalement vers le nord ou nord-est de la France, favorisant les emplois dans la métallurgie et les mines. Les immigrés s’installent plus durablement, avec notamment un regroupement familial mais également des embauches non limitées. La motivation principale de ces deux premières vagues semble essentiellement économique, mais la fin de cette deuxième vague fera naître la migration politique avec l’arrivée du fascisme en Italie. Cela rendra difficile de distinguer les migrations économiques et politiques. En effet, après une première guerre mondiale destructrice, la France est de nouveau dans une course à l'industrialisation et au développement. Les conditions de travail et de vies se révélant toujours aussi peu profitables en Italie, bon nombre de famille vont émigrer, beaucoup viennent retrouver de la famille, mais beaucoup d'autres sautent dans l'inconnu.

          Quant à la troisième vague, elle situe dans la période d’après-2nd Guerre Mondiale. La France a besoin de beaucoup de main-d’œuvre pour parvenir à la reconstruction du pays, elle fait donc appel à la main-d’œuvre italienne. Le rassemblement familial dans cette période de migration semble être une condition importante pour la mobilité des travailleurs italiens. Le principal secteur où les travailleurs immigrés sont demandés est le secteur BTP, et le secteur industriel. Mais on verra également l’apparition des travailleurs dans des domaines divers et variés, dans des commerces de proximité comme la cordonnerie, les épiceries, les salons de coiffure et d’autres encore. Le niveau social des travailleurs a augmenté au fil des années pour faire apparaître également des professions libérales comme restaurateurs, entrepreneurs Cependant, ces domaines restent des domaines urbains et se basent principalement dans les villes, mais la migration s’est aussi installée dans les campagnes avec l’agriculture. Cette période a été surnommé le « boom économique » italien, qui a été considérée comme une période de succès surmontant les difficultés d’intégration. L'après-guerre est également marqué par une recrudescence de l'immigration : de nombreuses familles, démunies après la guerre (y compris beaucoup de familles résidant dans des protectorats comme la Tunisie par exemple) sont contraintes de partir et de rejoindre la France, pour continuer de vivre une vie normale. Le manque de travail et de confort reste la cause majeure des vagues d'immigrations qui ont redistribué les cartes de la diversité, notamment dans la région Lyonnaise.

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